18-19 juillet 2020, par Jérémy
Devenir Maître de la confrérie des 7 MAJEURS, une idée un peu folle qui trottait dans le coin de notre tête depuis cet hiver. Il s'agit d'un parcours ponctué de sept cols mythiques 🏔 à plus de 2100 m d'altitude. Ce challenge de 360 kilomètres avec plus de 11 000 m de dénivelé positif traverse les plus beaux secteurs des Alpes du sud : Ubaye, Briançonnais, Queyras, Piémont italien et Mercantour.
👉 Retour sur cet intense périple de 48 heures en mode bikepacking 🚴 que nous avons passé avec Fabien et de cette courte nuit 🌙 en hamac.
Le départ était initialement prévu vendredi après-midi mais à cause des orages, nous avons dû décaler au lendemain matin.
Je récupère Fabien samedi sur le coup des 2h45 du matin 🌙 pour prendre la direction de Jausiers (le lieu de notre départ), les yeux encore collés. On se lance dans l'obscurité et le silence à 4h du matin, frontale sur le casque. Il ne fait que 8 degrés ! Au guidon : hamac, duvet, couverture de survie et barres énergétiques sont en place... environ 2,5 kg chacun (on a essayé de faire au plus light !). Le Col de Vars (2108 m) est atteint tranquillement à 6h au lever du jour. On quitte l'Ubaye par une longue descente glaciale jusqu'à Eygliers qui anesthésie nos visages haha.
La pause café à Briançon nous fait le plus grand bien avant de repartir à l'assaut du légendaire Col d’Izoard à 2360 m. Les 18 km de montée se font bien et nous atteignons le sommet à 10h30. En dessous, la fameuse Casse Déserte est juste grandiose et lunaire. C'est un des points remarquables lors du passage du Tour de France.
Ravito à Château-Ville-Vieille dans le Queyras 🍕 dans ma boulangerie préférée pour faire le plein de calories. Le 3e col du jour s’annonce bien plus long que les précédents avec ses 21 km et 1400 m à grimper. Il faut tenir bon mais avec cette chaleur, je commence à avoir un sérieux coup de mou à 5 km du col. Les gouttes de sueur ruissellent sur mon cadre... Fab m’attend à l’ombre vers le Refuge Agnel. Une courte pause et on repart de plus belle ! Le Col Agnel (2744 m) est le deuxième plus haut col routier des Alpes françaises. Il marque notre arrivée en Italie 🇮🇹 autour des 14h.
De ce côté ci, la nebbia 🌥 est bien présente. On nous avait prévenu, les routes italiennes sont pleines de nids de poule et nos cervicales s’en souviennent encore. 🤪 On fait un arrêt au village de Sampeyre dans une station service pour manger des chips.
C’est reparti pour 16 km avec une belle grimpette à 8% non-stop ! On est rapidement dans la brume et l’humidité mais c’est finalement plus agréable à la fraîche. A mi-parcours, j’ai une vive douleur dans le bas du dos qui m'oblige à marcher, la fatigue se fait sérieusement sentir... J'enfourche le vélo quelques minutes plus tard pour atteindre à 18h le Col Sampeyre (2284 m), la dernière ascension du jour. On entame une longue descente au ralenti car le brouillard est dense et la route en très mauvais état… Repas à Stroppo (dans le Val Maira) dans un petit snack bord de route (juste à temps car il ferme ses portes 10 mn plus tard). C'est le bonheur : fromage, jambon cru, focaccia, tarte aux myrtilles... C'est le spot parfait car il y a juste derrière un petit coin qui surplombe la route pour y mettre nos 2 hamacs avec en prime, une source à proximité ! On s’installe rapidement au chaud dans nos duvets même s'il fait encore jour. J'entends déjà ronfler Fabien haha.
Magnifique réveil à 3h45 avec une chenille et un pince-oreille sur le duvet ! Il fait bien frais… c’est dur de sortir du hamac. On est d’attaque pour le second col italien, le Col Fauniera (il se nomme "Colle dei Morti" et on comprend pourquoi). Long de 22 km, il comporte des passages étroits, des tunnels et s'élève avec un passage à 20%. ⚠️ Sur cette portion la plus raide, on préférera marcher pour garder des forces car il reste encore du chemin… Le temps est superbe aujourd’hui et c’est tant mieux. On peut apercevoir au loin le Mt Viso, 🏔 le plus haut sommet des Alpes du Sud. L'isolement est total et le paysage se renouvelle constamment au fil de la progression. Nous ne croisons personne avant notre arrivée au sommet à 7h30 (2481 m) avec la rencontre surprise de Patrick Gilles, le créateur de cette boucle (la Confrérie des 7 Majeurs). Il fait le parcours dans l’autre sens et en moins de 24h ! Nous ne manquons pas de faire la photo devant le magnifique buste en marbre de Marco Pantani (œuvre du sculpteur Olaru Benone pour le passage du Giro, Tour d'Italie) . Durant cette descente alpine dans les pâturages, Fabien manque de percuter une marmotte qui traverse juste devant sa roue ! C’était moins une, il doit rester quelques poils sur la jante. 🤣
On se réchauffe à Demonte autour d’un bon petit déjeuner. Après quelques étirements, il faut remonter sur le vélo. Les premiers kilomètres du Col de la Lombarde (2350 m) attaquent par une douzaine d’épingles resserrées. Il y a plein de cyclistes avec qui nous papotons durant l’ascension. La portion italienne est verdoyante et nous réalisons que la plupart des visiteurs du coin se rendent ici au Sanctuaire Sainte Anne de Vinadio (le sanctuaire le plus élevé d'Europe).
Nous revenons en France sur les coups de midi. La descente par la station d'Isola 2000 me rappelle de bons souvenirs du temps où je venais skier ici. Au village d’Isola, je fais péter le pan-bagnat. La chaleur est écrasante ☀️ dans la vallée de la Tinée. Le chemin jusqu'à la plus haute route d’Europe va être long puisqu'il faut atteindre 2715 m (soit 1700 m d’ascension au total) ! A Saint-Etienne de Tinée, on entame ainsi ces 26 derniers kilomètres de montée. Les jambes tiennent le coup mais nos gourdes se vident à vue d'œil. Les cascades en bord de route sont de vrais distributeurs de boissons haha. Quant à nos barres énergétiques, je les apprécie de moins en moins. Lorsque c’est plus raide, on marche pour rester toujours en mouvement. Les bornes kilométriques défilent lentement et en face de nous le col semble… inatteignable ! Par chance les 7 derniers kilomètres sont à 6 % environ. Fab est devant tandis que moi j’essaie de tenir bon, à bout de force sur mon vélo. 😬 Je rejoins Fab au croisement. Le ciel est noir et le vent se lève. On se couvre pour atteindre le haut du Col de la Bonette où l'ultime pente est à 15%. Nous sommes enfin au sommet et au cœur du Parc National du Mercantour ! Il est 17h40... Wouaa on a réussi ! 🤩 Il ne reste plus qu'à descendre jusqu'à Jausiers pour retrouver la voiture.
Tellement contents ! Un superbe périple partagé avec le solide Fab ! A quand le prochain défi ? 🤪
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