Notre voyage au Kirghizistan se poursuit par ce second trek au mois d'août 2019. Moins authentique que le premier, il demeure sportivement plus intéressant. Ses paysages de très haute montagne, ses glaciers, ses rivières et ses vallées aux forêts impressionnantes nous ont conquis. Le temps fort de notre périple est incontestablement l'éprouvante ascension de l'Ala Kul Pass à 3900 m.
Etape 1 : 8 km / + 250 m
Après un repos bien mérité à Karakol (suite à notre premier trek jusqu'au Lac Song Kul), nous repartons à l'aventure pour 5 jours de rando. Jérémy a été malade la nuit dernière, il n'aurait jamais dû boire son café glacé... Lucie l'avait pourtant mis en garde mais la gourmandise était trop forte.
Il est 11h quand nous décidons de partir pour Jeti-Ogüz. Impossible de trouver le bus dont on nous a parlé dans le Bazaar, alors on prend un taxi négocié à 500 soms pour faire les 30 km. C'est alors que nous découvrons la superbe vallée et les Seven Bulls Rocks aux couleurs rouge vif. On recherche un petit sentier depuis le village pour y pique-niquer au pied, la vue est superbe.
Les premiers kilomètres sont sur piste. Nous préférons habituellement les petits sentiers mais cette portion n'est pas désagréable... la vallée est verdoyante, il y a de nombreux camps de yourtes et de nombreux Kirghizes semblent habitués à venir pique-niquer au bord de l'eau. Assez rapidement l'orage arrive. Jérémy n'avance pas très vite, il est encore dans un sale état... On plante de toute façon la tente après 8 km de marche car nous n'avons pas le choix, il faut se mettre à l'abri.
Etape 2 : 11 km / + 700 m
Au réveil il pleut toujours alors on attend l'accalmie pour replier la tente... en vain. On part finalement sur le coup des 7h30 même si la bruine persiste. Jérémy n'avance pas, il n'a rien mangé la veille. Au bout d'une heure de marche la pluie s'intensifie, alors on s'arrête pour se mettre à l'abri dans une yourte et prendre des forces avec un bon petit déjeuner.
Tchaï citron, tartines de confiture... Nous voilà repartis en forme, Jérémy va nettement mieux heureusement. Au fil du chemin, les grands arbres nous servent de parapluie et notre look est très tendance avec nos ponchos colorés. Un peu plus loin, la rencontre de deux jeunes kirghizes nous motive. Ils habitent dans la vallée et partent à la recherche du troupeau de chevaux avec leur âne. Lucie a le droit à un tour sur le dos de dunky, sous les rires des enfants. Nous continuons ensemble le chemin qui remonte dans la vallée. La météo s'améliore. Le paysage se transforme et le décor devient de plus en plus alpin. On longe la Rivière Teleti en espérant pouvoir la traverser plus haut. Finalement la rivière est tout aussi large et avec un fort courant. Un kirghize arrive à la rescousse, il attrape nos sacs puis nous tend la main pour nous aider à sauter. On plante la tente à 3000 m d'altitude, au pied du Teleti Pass qu'on devra franchir le lendemain. Une fois à l'abri avec notre plaque de chocolat, la pluie fait son retour. On sait que la météo sera clémente pour les jours prochains mais ce n'est pas le cas de ce soir. L'orage et la grêle sont de la partie et cela durant deux longues heures. Ça résonne dans la vallée et tout commence à prendre l'eau... Juste avant la tombée de la nuit, le ciel s'éclaircit et là surprise : de la neige fraîche sur les sommets !
Etape 3 : 12 km / + 800 m / - 1250 m
Le beau temps est au rendez-vous ce matin. Il a neigé sur les hauteurs, ce qui nous inquiète un peu pour le passage du col qui va suivre. Les virages se succèdent et le début de la montée n'est pas bien tracé. On se retrouve rapidement les pieds dans la neige fraîche. Les seules traces visibles que nous verrons sont les empreintes d'un loup passé par là... L'arrivée au Teleti pass (3759 m) se fait sans encombre, il n'y a pas plus de 10 cm de neige et ça accroche bien. Juste de l'autre côté du col, le soleil a déjà fait fondre la neige. On commence la descente en recherchant une source pour faire le plein d'eau. Comme à notre habitude depuis notre arrivée dans les montagnes Kirghizes, nous nous rechargeons en eau directement dans les rivières, le plus haut possible car il y a énormément de troupeaux ici. On utilise également par précaution une gourde filtrante (de la marque BeFree Katadyn) et nos pastilles Micropur.
Progressivement, c'est un tout nouveau décor que nous offre le Parc National de Karakol. La vallée est ultra boisée avec la rivière Karakol qui la traverse, ses chevaux sauvages et ses prairies verdoyantes. Un Kirghize croisé en chemin nous dit : "It's like Canada my friends". Les spots de bivouac sont partout, c'est tellement beau et plat dans le bas de vallée qu'on se sait pas où se mettre. On trouve notre petit coin de paradis, un spot idéal derrière un énorme rocher avec vue sur les sommets.
Etape 4 : 17 km / + 1390 m / - 1340 m
La journée attaque par la traversée d'un superbe pont en bois au dessus de la Rivière Karakol. 300 m de dénivelé en forêt sont nécessaires pour atteindre le Camp Sirota (2800 m). On change d'ambiance, il y a un monde fou ici. Les campeurs se réveillent pour partir eux aussi en direction du lac Ala Kul, la plupart en aller retour. La montée est chouette mais ça fait bizarre de voir autant de monde (bon ça va c'est loin d'être l'autoroute mais quand même).
L'ascension est assez exigeante sur la fin (j'avoue qu'on se challenge aussi pour doubler un max) et c'est que de la caillasse. Il y a plusieurs randonneurs qui s'arrêtent épuisés sur les bas-côtés du chemin pour faire une pause... Sur la fin de parcours une superbe cascade nous attend juste en dessous du lac. On s'empresse d'arriver pour découvrir Ala Kul (3560 m). Il n'y a pas grand monde et on profite du moment. Jérémy va se rafraîchir au bord et on pique nique sur la rive en discutant avec deux autres français. Après s'être fait offrir une gorgée de Vodka, il faut déjà repartir. Pas un nuage à l'horizon, c'est la journée parfaite pour aller découvrir la vue à 360° et le passage le plus haut de notre périple au Kirghizistan. Il fait chaud malgré l'altitude (on est en tee-shirt) et l'ascension dans ce pierrier est rude et spectaculaire. Certains marcheurs sont complètement avachis sur le bord du chemin. Une courte portion sur crête permet d'arriver à Ala Kul Pass (3900 m). La vue sur le lac est juste extraordinaire. C'est l'occasion de réaliser quelques beaux clichés depuis le sommet alors Jérémy sort son drapeau du Kirghi. Il fait fureur auprès des autres randonneurs. Finalement, on reste un temps fou au col car tout le monde veut sa photo souvenir avec notre drapeau haha.
Il n'y a plus le choix, il faut bien redescendre. A notre surprise, la neige est encore bien présente sur le versant nord. Le début de la descente est hard, il faut être vigilant. Un peu plus loin, la pente s'adoucit ce qui nous permet de finir en glisse juste pour le fun (le moment préféré de Jérémy qui s'imagine avec des skis aux pieds). Une fois dans la pelouse on fait le remplissage des gourdes à la rivière. Il y a au total 1390 m de dénivelé négatif alors inutile de préciser que la descente est interminable mais on garde une bonne cadence. Une fois en forêt, on poursuit notre chemin jusqu'en bas de la vallée de Altyn Arashan. On décide de s'arrêter 2 km avant la petite station touristique connue pour ses sources chaudes. Une jolie zone verdoyante nous permet un repos bien mérité.
Etape 5 : 16 km / - 730 m
Après environ 30 mn de marche, on passe devant la station Altyn Arashan (2230 m). Il est 7h, tout le monde dort encore dans les camps de yourtes... De là, il y a deux possibilités : marcher sur une piste durant 14 km ou prendre les fameuses Jeep militaires soviétiques.
Pourquoi ne pas partager le trajet avec d'autres randonneurs ? On part aussitôt se renseigner auprès des guesthouses. Il n'y a finalement pas de départ avant 9h30 et ils demandent la somme exorbitante de 4000 soms tête (ce qui représente une somme vraiment énorme pour le pays : 52 € environ. C'est la première fois que l'on voit ça depuis notre arrivée au Kirghi). Pas une seule hésitation, on décide de marcher rapidement pour avaler les kilomètres. C'est pas si désagréable tout compte fait, même si la piste est un peu monotone. Le chemin, dans la vallée encaissée, longe le Torrent Arashan.
Durant ces 3 longues heures, nous croiserons le chemin de deux vieux 4x4 bondés dans le sens inverse et celui d'un fermier du Kazakhstan et sa vache. Il est sur son cheval et ne parvient pas à faire avancer Marguerite. Désespéré, il tend le fouet à Jérémy pour qu'il l'aide à faire bouger la vache mais rien y fait (il faut dire que nous n'osons pas lui faire mal). Les kilomètres s'enchainent pour arriver à la route, à l'entrée de Ak Su (1800 m). Le marshrutka #350 (30 soms) pour retourner à Karakol passe dans 15 mn, parfait.
N'hésitez pas à nous écrire si vous avez des questions, on y répondra volontiers.
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