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Photo du rédacteurLucie & Jérémy

Kirghizistan : Vallée de Shamshy - Song Kul

Un trek inoubliable de Tokmok au Lac Song Kul en 6 jours. Des steppes à perte de vue, la sensation d’être seul au monde, avec quelques nomades en chemin. Tout commença le 15 août 2019 à 12h, l'heure à laquelle nous nous faisons déposer au départ de la Vallée de Shamshy. Le départ se trouve à 100 km de Bishkek (le taxi nous coûta 1100 soms), au bout d'une piste aux allures de bout du monde (une première dans le coin pour le chauffeur qui se demande vraiment ce qu'il fait là lui aussi, haha).

plan carte dessin trek randonnée Song Kul lac dodosoustente

Etape 1 : 16 km / + 680 m

Notre trek commence à 1600 m d'altitude, à l'entrée de la Vallée de Shamshy. Les sacs sont bien chargés avec nos 2 litres d'eau chacun et les repas. L'objectif est de remonter la vallée le long de la Rivière de Shamsi. C'est l'aventure... et nous n'avons pas d'autre choix que de nous mettre dans le bain direct avec cette rivière que l'on doit traverser deux fois... on dirait pas comme ça mais il faut se concentrer pour la franchir car l'eau est vraiment glacée et il y a un fort courant. L'orage gronde sur les hauteurs et on ne fait vraiment pas les malins.


Etape 2 : 19 km / + 1450 m / - 680 m

Réveil à 5h45 pour ranger la tente et débuter cette journée qui doit nous faire franchir le Col Shamshy, à 3535 m. Peu de temps après le départ, il faut déjà se lancer dans la traversée de cette rivière glaciale et cela, à 5 reprises... de bon matin, ça pique. Il doit faire à peine 5 degrés et se mettre pieds nus dans l'eau (jusqu'aux genoux) c'était amusant hier mais pas de bon matin. Quand tu dois te concentrer pour ne pas tomber et que tu ne sens plus du tout tes pieds qui heurtent les rochers, c'est une vraie galère !

Par chance, le soleil fait son apparition dans la vallée et on se fait offrir le thé (tchaï) par un groupe à cheval. C'est le bonheur.

L'ascension qui suit est longue et sinueuse mais elle réchauffe nos corps et le paysage en vaut la peine. Les derniers mètres sont difficiles et nous mènent à la découverte d'un nouveau vallon. Nous croisons le chemin de nombreux chevaux sauvages.

Après une après-midi entière de marche, le chemin nous mène sur un immense plateau où vivent plusieurs nomades en yourtes accompagnés de leurs troupeaux. Quelqu'un arrive vers nous, un nomade à cheval. Il prononce quelques mots (en Kirghize) que nous ne comprenons pas. Il prend le sac à dos de Lucie et nous indique de le suivre. Il nous mène jusqu'à son campement où sa femme et son enfant de 7 ans nous accueillent. Adorables, ils sont aux petits soins avec nous et nous préparent un thé et des beignets au bord du poêle. On s'improvise dans le langage des signes et on dialogue comme on peut car ils ne parlent pas anglais. Ça ne nous empêche pas de passer plusieurs heures à jouer aux cartes avec eux, ils sont très attachants. On monte notre tente juste derrière leur abri. Le père souhaite nous faire monter à cheval pour aller visiter la yourte de son enfance qui se trouve un peu plus loin. Plus tard, l'orage éclate. C'est le petit gars, qui enfourche son cheval pour rentrer les centaines de bêtes (on est admiratif de son sang froid). Un moment inoubliable. Nous passons une soirée chaleureuse avec la famille qui nous prépare un bon repas avec des petits farcis cuits à la vapeur (avec des pommes de terre et des oignons). On ne sait même pas comment les remercier de leur générosité... Comme le petit a beaucoup aimé le jeu de cartes, on lui offre.


Etape 3 : 24 km / + 650 m / - 500 m

A 6h30, nous reprenons notre chemin. Les Steppes sont immenses et à perte de vue. Un troupeau de chevaux sauvages passe devant nous au galop, le son des sabots résonne, c'est impressionnant. On bascule dans une nouvelle vallée avec une belle gorge. Il y a de nombreuses yourtes et cabanes de nomades. Deux filles d'une vingtaine d'années sont en train de s'occuper de leurs chevaux. Elles nous proposent de venir boire le tchaï à l'intérieur et nous préparent gracieusement un super petit déj avec des fruits. Toute la famille est là. Jérémy goûte le fameux Koumiz (lait de jument fermenté). On en a entendu parlé sur internet... et ça confirme ce qu'on avait lu, c'est vraiment spécial ! Jérémy fait honneur et finit sa tasse haha mais Lucie ça la dégoûte trop. Pour une fois que quelqu'un parle anglais. Les deux filles veulent pratiquer car elles sont en cours à Bishkek et sont là pour 1 mois afin d'aider leur famille pendant les vacances d'été. On offre un chocolat à leur petite soeur avant de reprendre le chemin.

Entre temps, la météo s'est bien dégradée. Il pleut partout autour... D'après le plan, nous savons qu'il y a une grosse rivière à traverser aujourd'hui alors il ne faut pas trainer. Un peu plus loin, dans les immenses steppes que nous traversons, un homme à dos de mulet descend de la colline pour venir à notre rencontre. Il veut savoir où l'on va, on lui dit "Song kul" en montrant la direction. Il nous accompagne une trentaine de minutes pour échanger et nous montrer le cap à suivre. Depuis le début de journée, il n'y a pas de sentier. On suit notre trace GPS sur Maps.Me à travers les collines. On est plus très loin de la rivière mais la tempête arrive... Le vent souffle très fort et il pleut, on aimerait s'abriter quelque part pour ne pas être trempés mais il n'y a rien dans l'immédiat. Même si on ne peut pas monter la tente entièrement, on se protège sous la toile pour s'accroupir au sec 15 mn. Le vent se calme et on installe rapidement la tente. On en profite pour se reposer 1h au sec. Ça souffle fort dehors on tient la tente comme on peut...

Reposés, on ne tient plus en place, on veut repartir. Le vent s'est calmé, ce qui nous laisse le temps de remballer. On se lance alors dans la traversée de la Rivière Karakol. Jérémy passe en premier pour voir la profondeur... ça arrive aux genoux. Au tour de Lucie. On passe de l'autre côté où il y a le seul arbre du coin. Il se remet à pleuvoir, du coup on patiente 1h sous cet arbre. Il fait froid, autour des 5°C ! Mauvaise nouvelle, la rivière a plusieurs bras... Il faudra redéchausser une nouvelle fois ! Pas très agréable avec ce temps.

Le temps s'améliore enfin, le soleil perce et les montagnes devant viennent d'être saupoudrées de neige ! On continue avec les deux nouvelles traversées de rivière glaciale. En arrivant au pied du prochain col, il y a quelques yourtes. Un jeune vient à notre rencontre sur le sentier. Il veut que l'on vienne chez lui. Toute sa famille nous attend devant l'entrée de la yourte... Comme s'ils nous attendaient. Apparemment le père nous a vu galérer au niveau de la rivière haha. On prend le tchaï et le tant attendu koumis... Ils rigolent bien de nous voir grimacer haha. On passe un agréable moment à échanger. La yourte abrite les parents et leurs 4 garçons. Certains parlent un peu anglais, ils font leur études à Bishkek. On leur explique que nous avons la tente. Ils nous aident à l'installer juste à côté de leur yourte. Ils veulent planter nos piquets. C'est marrant. Encore une fois, ils sont aux petits soins avec nous. On observe le coucher de soleil sur les steppes d'en face, d'où nous venons. Le repas, comme celui d'hier, se compose de beignets à la pomme de terre, à l'oignon et à la viande. C'est vraiment très bon. Avant de se coucher, la maman nous fait un thermos pour la tente, elle a peur que l'on ait froid. Elle veut savoir à quelle heure on se lève pour nous préparer le petit déjeuner, tellement gentille.


Etape 4 : 30 km / + 1720 m / - 1680 m

Le réveil est absolument magique avec un lever de soleil des plus beaux. La tente est toute blanche, il a dû faire bien froid cette nuit. La famille insiste pour se lever tôt elle aussi pour pouvoir nous préparer un petit déjeuner avant notre départ. Toute cette générosité nous impressionne... On entame cette journée avec une belle grimpette jusqu'au Col Boutchouc à 3390 m, interminable. De l'autre côté, c'est très joli, il y a d'impressionnants blocs rocheux rougeâtres et les premières marmottes (rares car elles sont chassées par les nomades). C'est une belle occasion de faire des photos. La descente nous mène jusqu'au bord d'une ravissante rivière, idéale pour notre petit pique-nique de midi. On en profite pour faire la lessive. En contre bas, gros soulagement, car cette fois il y a un pont pour traverser la Rivière Suyok (2620 m). Il y a quelques pêcheurs sur les rives.

Le ciel est noir partout autour et on se demande comment on va y échapper. La montée dans le vallon est sauvage. Nous ne croiserons que des Yaks et des chevaux sauvages. Plus on se rapproche du troupeau de yaks, plus on comprend que nous ne sommes pas les bienvenus... Vu la taille des bestiaux, on contourne largement le sentier. Les 200 derniers mètres avant d'arriver au Col Saryk (3540 m) sont hyper flippants. Non seulement le ciel est noir et il n'y a absolument rien pour s'abriter. Au sommet, gros soulagement puisqu'il y a un berger et son troupeau. On n'est plus seuls ! Les premiers flocons débarquent, on accélère le pas. On est KO et on espère rapidement trouver un coin pour y mettre la tente.

Finalement la vallée est tellement encaissée, pleine de vaches et avec des pentes tellement raides qu'il est impossible d'y bivouaquer. Il faudra descendre 800 m de dénivelé pour trouver un spot convenable... Repos bien mérité au son des bêlements, puisqu'un troupeau vient encercler la tente pour la soirée.


Etape 5 : 16 km / + 550 m / - 620 m

Comme chaque matin, on décolle vers 6h30. Notre premier objectif de la journée est d'atteindre Kyzart pass, à 2664m. C'est un point de départ possible (et plus connu) pour ceux qui souhaitent se rendre au Lac Song Kul plus rapidement (en 2 jours). En regardant derrière nous, on remarque que le col que nous avons passé hier est tout enneigé. On est passés à temps ! Plus loin, on croise un groupe de tchèques sur le chemin du Col Tcharatcha à 2920 m. La journée est bien plus tranquille que la veille et heureusement car on sent nos jambes. L'itinéraire descend ensuite par une sente très pentue dans une petite gorge sauvage avec le seul arbre à des kilomètres. On fait la pause de midi à son pied. C'est paisible...

Nous sortons de la gorge par un agréable chemin en balcon pour arriver à un point de vue sur la Kilemche Vallée. Wouaa ! La rivière serpente dans cette petite "oasis" accompagnée de ses yourtes. On arrive juste avant la grêle et l'orage pour se mettre à l'abri dans une yourte. A partir d'ici, il y a des touristes de passage. Ici, le prix d'une nuit en yourte privée avec goûter et repas est de 2000 soms (25€). Il est encore assez tôt mais vu la météo, on décide de rester et de profiter des lieux. Petite pause tchaï accompagnée de gourmandises. Les tchèques nous retrouvent par la suite et également 3 français à vélo. Ils sont partis de France il y a 1 an.


Etape 6 : 17 km / + 875 m / - 300 m

Aujourd'hui c'est la dernière étape qui nous mène au but, le Lac Song Kul. Il faut passer le dernier col, le Col Djangis-Karakai à 3310 m. On s'élève rapidement, les pieds dans la neige à la fin, pour clôturer ces 875m de dénivelé. A l'horizon, une immense mer entourée de sommets à 4000 m... c'est le tant attendu Lac Song Kul. On a hâte d'arriver.

On pense le toucher du doigt mais on réalise plus tard que la distance à parcourir pour l'atteindre est interminable. On avance à travers les steppes pour se rapprocher des premiers camps de yourtes sur un plateau à 3016 m. Le lac est comme un mirage, il s'étend à perte de vue sur 60 km de long. On a qu'une chose en tête, toucher l'objectif. On est trop heureux d'arriver sur les rives du lac aux environs de midi, après ces 122 km dans le massif des Tian Shan. Le temps se gâte, alors il faut chercher une yourte pour le reste de la journée. On tombe sur une famille adorable avec la mère, ses deux garçons et son chien Cooper. La grêle tombe, du coup on joue avec les enfants. Le petit est trop rigolo, il essaie de rentrer avec l'âne dans notre yourte. Le chien Cooper aussi haha. Il met en selle Lucie avec lui sur le Dunky, fous rires garantis. Au tour de Jérémy de monter dessus, on rigole comme des enfants, sa mère aussi en nous observant.

A 16h, on part à pied voir son grand frère jouer au Kirghiz Horse Game, le fameux jeu nomade à cheval d'Asie Centrale. Deux équipes s'affrontent pour récupérer le corps d'une chèvre (sans pattes ni tête) en guise de ballon. La soirée se déroule dans la bonne humeur avec la famille autour d'un bon repas traditionnel et d'un jeu de UNO.


Etape 7 : Auto-Stop pour Kochkor

Le lendemain, nous prenons notre petit déjeuner à 7h. Les enfants dorment encore lors de notre départ. On part faire du stop pour rentrer à Kochkor qui est à 100 km (dont la majorité du trajet sur piste) ! Il est 9h, seulement trois voitures pleines sont passées... On se demande si on va y arriver. Au loin, on aperçoit un camp de yourtes avec deux 4x4. On va à leur rencontre pour leur demander si ils ont de la place pour le trajet. Deux anglais et leur guide, prêts à partir, acceptent pour 1000 soms pour nous deux mais il ne reste qu'un siège. Lucie propose d'aller dans le coffre pour 3 heures de route sur piste. Le voyage est très long mais le paysage est magique et les gars sont très sympas. Il faut passer un col à 3400 m, le décor est très aride, c'est l'aventure.











 

N'hésitez pas à nous écrire si vous avez des questions, on y répondra volontiers.

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2 Comments


Lucie & Jérémy
Lucie & Jérémy
Apr 30, 2020

Salut Marion, merci pour ton message très encourageant :-) On espère que tu pourras découvrir prochainement ce merveilleux pays et nous faire un retour :-D

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Marion Cossin
Marion Cossin
Apr 27, 2020

Ayant prévu de partir au Kirghizistan en septembre, j'étais à la recherche d'itinéraires complets, clairs et d'anecdotes sympas... C'est exactement ce que l'on trouve dans le récit de Lucie & Jérémy. Merci d'avoir pris le temps de partager tout cela avec nous ! Hâte de découvrir vos prochains périples et de mettre les pieds en terre kirghize ! :-)

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